Regarder Le film Midi-Minuit Fantastique – volume 2 2015 en illimité
Mai 1962. Les kiosques affichent la photo saisissante d’un loup-garou aux prises avec une voluptueuse jeune femme. En lettres noires et rouge sang brille pour la première fois un nom appelé à la postérité : Midi-Minuit Fantastique. Fondée par Michel Caen avec l’aide d’Alain Le Bris, Jean-Claude Romer et Jean Boullet, la toute première revue européenne consacrée au cinéma de genre défriche un domaine alors méconnu et méprisé. En dix ans d’existence et vingt-quatre numéros, elle s’impose comme une publication ludique, exigeante et avant-gardiste. En un mot : culte. Sa rédaction fédère de brillants spécialistes : Francis Lacassin, Bertrand Tavernier, Yves Boisset, Jean Rollin, Ado Kyrou, Gérard Lenne… De prestigieuses plumes d’horizons divers s’invitent dans ses colonnes : Eugène Ionesco, Félix Labisse, Vincent Price, Jacques Sternberg, Roland Topor… Le ton est libertaire, les racines populaires, l’inspiration surréaliste ; l’iconographie de sexe et de sang, éminemment évocatrice. Un seul credo : le fantastique est l’autre nom de l’érotisme. Chaque volume édité par Rouge Profond est accompagné d'un DVD. Voici un rip de celui du vomume 2. De distingués vampires s’exprimant dans la langue de Molière, des bords de l’Oise aux trottoirs des Champs-Élysées. Une cantatrice à deux têtes dont les aventures tiennent en haleine les bons Français, lecteurs de Dimanche-Écho. Un Fantômas en bustier, voilette et bas résilles, entre autres excentricités immorales. Et une fée vengeresse qui révolutionne Mai 68 par sa vision toute personnelle du sexe… Voici réunis les grandes heures du midi-minuisme sur pellicule, des courts métrages français et belge, non seulement défendus en leur temps par Midi-Minuit Fantastique, mais réalisés par des plumes ou des proches de la mythique revue. Présentés ici pour la première fois au public depuis l’époque de leur réalisation (au moins pour ce qui concerne les trois premiers), ces courts témoignent d’un âge d’or cinéphile : celui d’un fantastique subversif et décomplexé qui prenait enfin d’assaut le cinéma franco-belge. Fantasmagorie de Patrice Molinard France,1963, 40 min Auteur des photos de repérage du Sang des Bêtes de Georges Franju (son beau-frère), Patrice Molinard réalise en 1962 un sommet du fantastique français. Un film de vampire avec Édith Scob en croqueuse d’enfants et Venantino Venantini dans le rôle d’un émule de Dracula, le tout dans une poétique Transylvanieval-d’oisienne. D’une beauté expressionniste à couper le souffle et d’une audace formelle constante, le film a laissé pantois Midi-Minuit Fantastique qui le défendit, dithyrambique, dans son n°3. Redécouvrir Fantasmagorie est un choc. Car pour le résumer d’une formule excessive mais néanmoins pertinente, voici peut-être le chaînon manquant entre Nosferatu, Vampyr et… Lost Highway ! La Prima donna de Philippe Lifchitz France, 1964, 10 min Splendeur et décadence de la Pasta, une chanteuse lyrique, et de sa rivale, Mlle Mimi, une cantatrice qui, affublée d’une double tête, chante en stéréo… Raconté du point de vue de la presse people des années 1960 avec un montage photos digne de La Jetée de Chris Marker, porté par la présence de Nelly Kaplan et la voix off de Jacques Dufilho, La Prima Donna prolonge toute une tradition fantastique française, entre loufoquerie, surréalisme, absurde et merveilleux. Philippe Lifchitz, alors codirigeant d’Argos Films et producteur de Resnais, Godard ou Varda, réalisait ici son troisième et ultime court métrage. Vampirisme de Bernard Chaouat et Patrice Duvic France, 1967, 13 min Un pastiche de reportage ORTF façon enquête sociologique sur les vampires, avec un casting épatant : l’écrivain Claude Seignolle ; le spécialiste des fées Pierre Dubois ; les peintres lettristes Roland Sabatier et Micheline Hachette ; des figures excentriques du cinéma français comme Jean Benguigui ; le comédien Michel Beaune ; le réalisateur Pascal Bonitzer ; l’auteur des surréalistes couvertures de la revue Fiction, Jean-Claude Rault ; l’historien du cinéma Jean-Pierre Bouyxou, et les plumes midi-minuistes, Alain Le Bris et Raphaël-G. Marongiu. La Fée sanguinaire de Roland Lethem France,1968, 25 min Deux anges débarquent dans les rues de Bruxelles, un bidon à la main. À l’intérieur, une fée qui collectionne les conquêtes mâles comme autant de trophées sanglants… Anar, dérangeant et d’un féroce humour noir qui le fit adopté par les situationnistes, La Fée sanguinaire a été réalisé en plein Mai 1968 par le correspondant belge de MMF, Roland Lethem, l’homme qui fit découvrir en Europe le cinéma de Suzuki et de Wakamatsu. Le film connût une carrière en festival riche en scandales répétés et lança la réputation sulfureuse du " plus japonais des cinéastes belges". Satan bouche un coin de Jean-Pierre Bouyxou et Raphaël Marongiu France, 1968, 12min Fantômas a bel et bien existé ! Jean-Pierre Bouyxou l’a retrouvé alors que l’Insaisissable menait une scandaleuse carrière d’artiste à Bordeaux sous le nom de Pierre Molinier. Sa marotte d’alors : le travestissement, conçu comme la transgression suprême et le moteur d’infernales bacchanales... Film surréaliste, fétichiste et expérimental, le premier coup d’éclat cinématographique de Jean-Pierre Bouyxou (entamé avec R.-G. Marongiu) est un défi lancé aux règles du 7e art, du bon goût et de la morale. Un manifeste esthétique né de sa découverte du cinéma underground au coté d’Alain Le Bris, de MMF. Dans le rôle-titre, Molinier brille d’un charisme androgyne plus qu’inquiétant. Culte ! Et en supplément : - Fantasmagorie, un rêve de cinéma, d’Erwan Le Gac et Nicolas Stanzick (20 mn – 2015) - Dracula n’est jamais vaincu, de Patrice Molinard (2 mn – 1962) - Fantasmagorie : scène coupée, (1 mn – 1963) - Les Midi-Minuistes font du cinéma, d’Erwan Le Gac et Nicolas Stanzick (20 mn – 2015) - les présentations de Nicolas Stanzick
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